L'instruction
On sait qu'il y avait à Henniez une école, et l'on connaît les noms de plusieurs régents. En 1671, c'est Guillaume Bovey, de Cheseaux, qui épouse à Granges une veuve de Marnand. En janvier 1690, c'est Georges Decrausaz, de Trey, qui passera ensuite à Seigneux où il restera quatre ans et demi. En 1712, c'est Jean Pittet, de Seigneux ; en mars, le consistoire lui reproche la négligence de ses écoliers, qui ne fréquentent pas le catéchisme à Granges ; en mai de la même année, il est cité à nouveau pour rendre raison des paroles menaçantes qu'il a prononcées à Granges contre le ministre Curchod, dans sa propre cure ; il conviendra du fait et promettra de se mieux conduire à l'avenir. On semble avoir eu de la peine à lui trouver un remplaçant, puisque, en 1715, c'est le tuilier d'Henniez Jean Imhof qui remplit les fonctions de régent. C'est peut-être cette difficulté qui explique que pendant plusieurs années Henniez et Marnand ont eu un régent commun, Daniel-Etienne Jordan, de Granges, né en 1709, qui fut nommé le 28 février 1731 par le bailli Hercule-Daniel de Tavel, pour les deux communes de Marnand et d'Henniez ; il conserva cette école pour les deux villages jusqu'en 1738. Mais il eut à cette date une contestation avec le seigneur de Marnand, auquel il déplut par ses réclamations au sujet de son salaire. Le seigneur de Marnand fit alors en sorte que la régence fût partagée, Jordan conservant seulement celle d'Henniez, tandis que le bailli Adrien Jenner remettait un brevet pour celle de Marnand à Jean-Pierre Cosenday, qui donna sa démission en 1766 et fut remplacé du propre chef du seigneur de Marnand par Marc-Daniel Pictet, sans brevet du bailli de Moudon. En 1778, Daniel-Etienne Jordan fonctionnait encore comme régent d'Henniez. Il mourut le 28 septembre 1790, qualifié d'ancien régent d'Henniez. Nous connaissons encore Jean-Jacques Durussel, de Seigneux, régent en tout cas de 1790 à 1793, et qui habite encore Henniez en 1795. L'indépendance vaudoise ne changea pas l'école à Henniez. Le pasteur continuait à s'en occuper, mais le niveau d'instruction des régents ne s'éleva que lentement, même après la création de l'Ecole normale en 1833. Ainsi, en 1835, le pasteur de Granges apporte à Henniez quatre cartes géographiques pour en orner les parois de la chambre d'école, que l'on jugeait d'ailleurs trop petite. Mais la Municipalité constate avec déplaisir que ces cartes étaient inutiles pour les enfants, "vu que le régent n'a point d'acte de capacité, et qu'il n'est pas assujetti à la dernière loi relative aux écoles primaires" ; elle décide donc le 5 novembre 1835, de renvoyer ces cartes à M. le Ministre. Ce dernier revint à la charge quelque jours plus tard, et la Municipalité cèda en partie acceptant trois de ces cartes, mais refusant celles d'Asie, d'Afrique et d'Amérique, "pendant que notre régent n'aura pas un brevet de capacité". C'est sans doute ce qui décida le régent d'Henniez, Daniel Ney, à demander à la Municipalité une augmentation de 60 francs par an de sa pension, dès le premier janvier 1836, pour pouvoir "fréquenter l'Ecole normale" qui se tiendra cette année à Lausanne. La Municipalité y consentit, dans sa séance du 19 mars 1836, à la condition toutefois que le régent Ney s'engage après cela à ne pas quitter son poste à Henniez pendant six ans. En effet, au début, l'Ecole normale d'instituteurs de Lausanne organisait d'une part des cours spéciaux de deux mois pour les régents déjà en fonctions, et des cours de deux ans pour les élèves-régents. On voit de même, en mars 1842, la maîtresse d'école d'Henniez, Louise Berney, de L'Abbaye, demander et obtenir un acte de moeurs pour pouvoir aller fréquenter l'Ecole normale du canton. d'après Ls Junod in Henniez - Aux sources de l'histoire, 1966.
|